EMDR
Qu’est-ce que la mémoire traumatique ?
La mémoire traumatique se réfère à la capacité du cerveau à stocker et à rappeler des souvenirs liés à un événement traumatique. Des études ont montré que les rats traumatisés avaient une augmentation de l’expression de certaines protéines impliquées dans la consolidation de la mémoire, suggérant que la mémoire traumatique peut être renforcée par des mécanismes biochimiques spécifiques.
Elle peut être influencée par des facteurs tels que l’âge, la durée et la gravité de l’agression, ainsi que la présence de facteurs de stress supplémentaires tels que la violence domestique ou l’isolement social. Les femmes victimes de violences sexuelles qui ont été soumises à des facteurs de stress supplémentaires présentent une mémoire traumatique plus forte et plus durable que celles qui n’ont pas été soumises à ces facteurs de stress.
Les souvenirs traumatiques peuvent être déclenchés par des stimuli environnementaux qui rappellent l’événement traumatique, ce qui peut entraîner des symptômes de l’ESPT, d’anxiété et de dépression. Ces souvenirs peuvent interférer avec les activités quotidiennes et sociales des victimes, perturbant leur capacité à fonctionner normalement.
La mémoire traumatique n’est pas toujours précise et peut parfois être altérée par des facteurs tels que l’influence de tiers, la suggestion ou la reconsolidation de la mémoire. Ces facteurs doivent être explorés lors de l’évaluation et des explications alternatives doivent être prises en compte.
Pour traiter les traumatismes psychologiques, il est important que les professionnels intervenants soient formés à la psychotraumatologie et à la thérapie de soutien et des soins appropriés aux victimes de traumatismes. On sait aujourd’hui que la parole ne suffit pas pour aider les victimes de traumatismes, car dans ces situations, le langage et la capacité de raisonnement sont désactivés. Les victimes revivent l’événement traumatique avec la même intensité émotionnelle qu’au moment du trauma, même des années plus tard.
Les mémoires dysfonctionnelles sont encapsulées et déclenchées au moindre rappel de l’évènement, comme si le trauma se reproduisait. Les techniques thérapeutiques efficaces incluent l’EMDR, la thérapie cognitivo-comportementale et la thérapie de l’exposition peuvent apporter un réel changement.De nombreuses études contrôlées et randomisées ont montré la supériorité de la thérapie EMDR dans le retraitement des traumas.
La prévention est bien sûr très importante dans la lutte contre les traumatismes. Les programmes éducatifs et de sensibilisation qui encouragent une culture de prévention, de soutien et de respect mutuel peuvent aider à prévenir ces événements. Avec le retraitement des traumatismes, les victimes peuvent recevoir l’aide dont ils ont besoin, ainsi que le soutien apporté par un thérapeute empathique pour se remettre de leurs expériences et reconstruire leur vie avec confiance et résilience.
Marie-Agnès Thulliez
Une vidéo très interessante du Dr Murielle Salmona sur les mémoires traumatiques :
Véritable torture des victimes de violence sexuelle, une interview BFM TV de Murielle Salmona, psychiatre, psychotraumatologue, victimologie.
L’EMDR qu’est-ce que c’est ?
D’après un article écrit par David Servan Schreiber
synthèse par Bernard A., dernière modification le 4 octobre 2009
- EMDR Eye – M ouvement D esensibilisation and R eprocessing
- En français : Désensibilisation et reprogrammation par des mouvements oculaires ou
- Intégration Neuro-Emotionnelle par le traitement adaptatif de l’information = = Retraitement par la conscience des sensations physiques .
L’EMDR est une véritable thérapie qui ne se limite pas aux simples mouvements oculaires (5). (Certains ont qualifié cette méthode de « nouvelle hypnose » : l’EMDR peut ressembler à l’hypnose… mais ça n’est pas de l’hypnose !…).
L’EMDR est désormais reconnue comme une méthode rapide et efficace (parfois spectaculaire) pour le traitement du stress post-traumatique par l’I NSERM en France, le département de la défense des Etats-Unis, l’American Psychiatric Association dans ses recommandations les plus récents (nov. 2004), et le National Institute for Clinical Excellence (UK) (2005).
La découverte de la thérapie EMDR (1987), les normes de son application ont fait et perdurent de faire l’objet d’un grand nombre d’études scientifiques .Dès 1998 – 2002, les résultats des études américaines étaient tellement impressionnants que trois méta -les analyses (études de toutes les études publiées) ont conclu que « l’EMDR était au moins aussi efficace que les meilleurs traitements existants, mais qu’elle semblait aussi être la méthode la mieux tolérée et la plus rapide ».
Mais l’EMDR est aujourd’hui connu comme alternative aux traitements, non seulement du stress post-traumatique mais aussi des dépendances, du deuil, de certaines phobies et même de certains états dépressifs.
Pour simplifier, l’EMDR permet :
- d’alléger la charge émotionnelle liée aux événements traumatisants,
- de favoriser le processus naturel d’auto-guérison et donc de réparer, par stimulation neuronale, des blessures psychologiques.
Autrement, l’EMDR a pour but de remplacer une émotion négative par une émotion positive, faire disparaître des symptômes liés à des événements du passé. À cette fin, la méthode utilise la stimulation sensorielle pour désamorcer, débloquer et libérer les expériences traumatiques de leur charge émotionnelle (et de leurs distorsions cognitives) par un retraitement des informations.
Le cerveau traumatisé
Lorsqu’un évènement traumatique bouleverse notre vie (la mort d’un proche, une viole, un accident, une humiliation), il ouvre une “plaie” dans notre cerveau émotionnel. Pourtant notre cerveau a une capacité innée à “digérer” des événements difficiles ; comme la peau a la capacité à se refermer après une blessure.
Tout traumatisme émotionnel laisse une “cicatrice” dans le cerveau. Des images IRM montrent l’activation spécifique d’un cerveau traumatisé au récit du pire moment de ce qu’il a vécu.
On y voit le centre de la peur activé (région de l’amygdale). Le cortex visuel est également activé, comme si le sujet “revoyait” l’événement traumatique. Par contre, on peut voir que l’aire du langage est désactivée, comme si la peur avait “débranché” la parole.
Or en imitant les mouvements des yeux qui ont lieu spontanément pendant les rêves (REM) (5), la thérapie EMDR permet au cerveau de digérer très rapidement les résidus de traumatismes du passé . En effet, après un choc psychologique (1), le Cerveau essaie naturellement de dépasser ces moments difficiles pendant les phases de rêves du sommeil paradoxal.
Si malgré cela l’événement douloureux a été mal “digéré” parce que trop violent ou parce que le sentiment d’impuissance était trop lourd, il se produit une sorte de blocage : les sensations et émotions liées à l’événement (leur charge émotionnelle ) restent dans le cerveau sous forme de mémoires dysfonctionnelles (2) … prêtes à se réactiver au moindre rappel du traumatisme : c’est l’état post-traumatique.
Le cerveau ayant donné tout ce qui compose l’événement, des mémoires résiduelles peuvent perturber la qualité de vie et parfois même l’équilibre psychique d’un individu. Pour souffrir à cet état, on sait que la parole est dans la grande majorité des cas insuffisants à faire disparaître les symptômes, même si souvent elle soulage et entraîne parfois des prises de conscience révélées curatives.
On sait aussi que la méditation zen ou la pleine conscience, par exemple, use une sorte d’attention double ou bifocale, dans le sens où le méditant peut à la fois revivre un problème émotionnel (dans tout son corps) et à la fois prendre conscience de ce qui se passe en lui au cours de cette reviviscence (9).
Mais ce qu’apporte en mieux l’EMDR, c’est qu’en même temps que la personne revit son problème, un thérapeute l’aide à utiliser une stimulation concomitante bilatérale (de chaque coté du corps) alternée par des mouvements oculaires ( ou un toucher/tapotement ou des fils).
Et nous savons que ces stimulations bifocales alternées de l’EMDR, remettent en route le retraitement des informations bloquées à l’origine des troubles : Conscience guidée et stimulation physique fournie en profondeur sur les souvenirs traumatiques (sur leur charge émotionnelle).L’EMDR est un véritable changement de paradigme dans le sens où la pathologie est désormais conçue comme un désordre non seulement psychologique, mais affectant un ensemble psycho-neuro-physiologique.
Et surtout, désormais on considère que la personne dispose de moyens naturels de traitement et de guérison des traumatismes psychiques, comme nous l’avons vu plus haut, analogues à ceux qui permettent la cicatrisation d’une plaie.
Le traitement EMDR en tiendra compte et se servira donc de la stimulation alternative alternative (motricité et neurologie), pour relancer ces processus naturels.Ainsi l’EMDR pourra retirer des représentations (niveau psychologique) dysfonctionnelles puisque leur évocation entraîne des réactions émotionnelles neurovégétatives (niveau somatique et comportemental) incompatibles et inadaptées avec la situation actuelle du sujet.Ainsi, l’EMDR qui est une thérapie complexe mais brève, propose d’identifier, d’évaluer les croyances liées au traumatisme, et de modifier spontanément la perception de l’ événement.
Par des mouvements oculaires alternatifs (5) qui ont pour effet d’activer toutes les parties du cerveau, et des entretiens avec le thérapeute, le patient puise de nouvelles ressources émotives et se retrouvent dans sa capacité à faire des choix.
Comment se passe une séance d’EMDR ?
L’EMDR offre un raccourci pour supprimer au plus profond les symptômes qui valent d’événements du passé qui n’ont pas été digérés par le système nerveux limbique (qui n’ont donc pas été “digérés” psychiquement) :
Concrètement, le thérapeute demande au patient une attention bifocale, qui consiste à se concentrer sur ses sensations physiques et d’en même temps revivre le trouble passé. En guidant le patient tout au long d’un protocole de travail spécifique à l’EMDR, le thérapeute aide à remettre en route un processus naturel de retraitement des informations dysfonctionnelles, qui était bloqué. Le patient se concentre sur ses sensations physiques mais n’ essayez de ne pas contrôler ses pensées et images intrusives. Car ces phénomènes ne se contrôlent pas développés… de même que la digestion de nos aliments ne se contrôlent pas ! L’EMDR ne fait pas intervenir la volonté. L’EMDR remet en route un processus naturel de “digestion”.
En particulier, l’EMDR intervient sur ce qu’on appelle la “mémoire du corps” (ou mémoire implicite), une mémoire dysfonctionnelle bloquée depuis l’événement traumatique.
En effet, grâce aux mouvements des yeux qui simulent ceux du sommeil paradoxal (REM), la thérapie permet au cerveau de digérer la charge du souvenir traumatique comme le rêve permet au cerveau de traiter les informations de la journée (5). Autrement dit, l’EMDR remet en route des processus bloqués, permet de retrouver des souvenirs émotionnels profonds et de les digérer : Les émotions et les représentations se séparent. La personne ne souffre plus quand elle repense à l’événement traumatisant. L’EMDR n’efface pas le passé, mais il ne fait plus mal. Et l’estime de soi remonte.
Principe :
Le principe fondateur de l’EMDR réside dans une nouvelle conception du traumatisme, qui fait appel à la neurologie (6). Les traumatismes violents créent des souvenirs dits « anormaux » (images, sons ou sensations corporelles) que le cerveau a du mal à assimiler. Codés sous une forme sensorielle plutôt que cognitive, ils peuvent être réactivés à tout moment. Ils sont souvent sans mots qui permettent de remplacer l’événement dans des dimensions humaines, avec un passé et un futur.
Ou, lors des séances EMDR, la stimulation bilatérale a pour effet de mobilisateur l’attention du patient pendant qu’il s’expose aux différents aspects du souvenir traumatique en mémoire :
Le mouvement oculaire a donc pour principal effet de synchroniser l’activité des deux hémisphères cérébraux – aires sensorielles et cognitives – , et peut permettre de reconnecter les émotions primaires du traumatisme (souvenir sensoriel et “photographique”) avec « la sagesse de la pensée et du langue » :
Le fait d’alterner cerveau droit et cerveau gauche (3), semble remettre en route le cerveau émotionnel (limbsystème), digérant la charge du souvenir traumatique comme lors d’un bon sommeil réparateur.
Autrement dit, la stimulation double alternée (4) débloque l’information traumatique et réactive le système naturel de guérison du cerveau. Le cerveau limbique va donc compléter le travail en remettant en mouvement un mécanisme naturel de retraitement de l’information et de guérison.
Le “balayage” débloque ainsi l’information traumatique et réactive le système naturel de guérison du cerveau pour qu’il complète le travail. En facilitant ce contact pensée-émotion (nature associative de la mémoire), l’EMDR s’apparenterait à une forme accélérée (et plus efficace) de la “cure par la parole”.
Déroulé d’une séance (protocole en huit phases) :
Après avoir expliqué au patient le protocole, le thérapeute installe celui-ci dans un lieu “sûr”, ancré dans des perceptions sensorielles et internes agréables. A tout moment de la séance, il lui sera possible d’y retourner s’il le souhaite.
L’étape suivante consiste à choisir la cible, une scène traumatique passée, ou une situation perturbante présente (crise d’angoisse ou phobie). En restant en contact avec l’émotion qu’elle suscite, le patient fixe les mouvements que le thérapeute fait avec sa main, de gauche à droite.
Chaque séquence est constituée d’une quinzaine d’allers-retours cadencés, d’amples et précis, de larges d’un mètre environ. Entre deux exercices des pauses permettent à la fois de mettre des mots sur l’événement et d’évaluer l’intensité de l’émotion.
Le protocole se poursuit jusqu’à ce que le patient constate une diminution satisfaisante de son stress.
Puis le thérapeute installe une croyance positive à la place de celle négative en lien avec le traumatisme.
L’événement traumatisant n’a pas été oublié, mais il se délivra de sa charge émotionnelle, comme après un deuil.
En résumé :
Les incidents, les événements dérangeants, voire traumatisants de la journée sont normalement traités et “digérés” pendant notre sommeil paradoxal (celui qui nous provoque des mouvements oculaires, dans la phase des rêves).
Donc le plus souvent, après une bonne nuit, après un bon sommeil réparateur, l’incident a perdu de sa charge émotionnelle, la personne choquée à pris du recul par rapport à l’incident.
Pourtant, certains événements psychiquement trop violents ne peuvent être traités par le cerveau des émotions. Le traumatisme reste alors “bloqué” en mémoire implicite (mémoire des affects), prêt à être réactivé émotionnellement dès que la vie nous met dans une situation similaire.
L’EMDR permettra de faire le travail qui n’a pu se faire en dormant.
En effet, les mouvements rythmiques alternatifs et la bifocalisation permettent de les mécanismes naturels de retraitement des réseaux en mémoire qui se produit durant le sommeil : => distanciation
Autrement dit, la stimulation double alternée semble relancer le processus de traitement de l’information. C’est ainsi que la thérapie EMDR permet :
- au cerveau, tout comme dans un sommeil réparateur, de digérer rapidement des “résidus” de traumatismes du passé (et même l’accumulation de petits traumatismes anciens) ;
- à l’ individu, de dépasser le traumatisme et le sentiment d’impuissance, complètement et profondément, d’en modifier sa perception et de puiser de nouvelles ressources dans la réalité présente, et ce dans un laps de temps très court par rapport aux méthodes classiques (8) (9).
Remarques :
(1) Choc horreur émotionnelle : accident, agression morale ou physique ( viol, grand stress avec peur intense, horreur et sentiment d’impuissance totale, humiliation, etc) => blocage à la fois physique et psychologique => état post-traumatique (pensées intrusifs, etc.).
(2) Cerveau : il s’agit du cerveau émotionnel, inconscient = zones profondes du cerveau primitif, avant tout connecté au corps et souvent indépendant du cerveau cognitif néocortex.
(3) Stimulation bilatérale double = stimulation par alternance cerveau droit/cerveau gauche + attention bifocale = attention double partagée entre objet extérieur et souvenir intérieur.
(4) Exemple de stimulation double : mouvements oculaires + mentalisation des événements traumatiques
(5) Les mouvements oculaires peuvent être éventuellement remplacés par des stimulations tactiles ou auditives (droite – gauche).
(6) On sait aujourd’hui que l’état post-traumatique résulte d’une hyperactivité de l’hippocampe (souvenirs, représentations) qui boucle en circuit fermé avec l’amygdale (émotions, affects) tandis que le régulateur (thalamus) est “shunté”.
Alors que les thérapies verbales appliquées seulement sur le cortex, l’EMDR agit -par stimulation bifocale alternée- au niveau limbique, comme un « véritable sésame libérant les émotions », ouvrant tel un switch le court-circuit : c’est ainsi que le “circuit long” du réseau thalamus-hippocampe–amygdale est rétabli, d’où réactivation du thalamus et régulation entre hippocampe et amygdale…
(7) Bifocalisation => multiplication des canaux sensoriels => stimulation du système limbique.
(8) Par rapport à la psychanalyse :
- « La thérapie EMDR permet-elle au patient de prendre un “raccourci” et de se dispenser d’un long travail d’introspection (psychothérapie analytique) pour se défaire de sa pathologie » ?
Réponse de l’EMDR-France :
« C’est exactement le cas. La thérapie EMDR semble effectivement offrir un « raccourci » pour éliminer les symptômes qui surviennent d’événements du passé qui n’ont pas été « digérés » par le système nerveux. Par contre, la thérapie EMDR ne remplace pas le travail psychanalytique pour ce qui a trait à une plus grande connaissance de soi sur le long terme. Les deux formes de thérapies sont d’ailleurs souvent utilisées conjointement avec profit ».
- Comme l’écrit DSS, « L’EMDR ne renie pas les acquis de la psychanalyse, mais les étend jusque dans la réalité physique (donc au plus profond … ) là où, au final, doit avoir lieu la guérison ».
- « Globalement, l’EMDR est un traitement “de bas en haut” et non “du haut vers le bas… le cerveau fait partie du corps, il est gouverné par des principes similaires de cause et d’effet… le traitement débloque les traumatismes (les émotions non inventées) en les “digérant” …
Ce traitement se fait à un niveau physiologique et permet l’émergence spontanée (donc non volontaire) de nouvelles associations , de nouvelles prises de conscience et de nouvelles émotions. » ( Francine Shapiro ).
La thérapie EMDR (lorsqu’elle est bien menée) est donc beaucoup plus efficace, elle va beaucoup plus loin et plus profondément : elle active un processus naturel de guérison, ce que ne fait pas la psychanalyse.
- L’EMDR provoque donc des associations libres , avec infiniment plus d’efficacité que la méthode psychanalytique : l’EMDR semble d’ailleurs compléter le chemin défriché par Freud !
- Ainsi, on pense que l’effet thérapeutique de l’EMDR serait. d’avoir accès à la mémoire implicite (“affects”) . et de la ré-associer avec la mémoire déclarative (“représentations”) … ce qui semblerait correspondre à la théorie première de Freud !
- le thérapeute EMDR soutient mais ne cherche pas à traduire, à interpréter : il demande à la personne ce qu’elle ressent dans son corps lorsqu’elle revit mentalement une scène traumatisante. Il l’invite à se concentrer sur ces sensations.
- le thérapeute EMDR ne doit pas trop intervenir, ne pas faire parler le patient de sa colère mais plutôt enchaîner rapidement par les mouvements oculaires :
Comme dans ces périodes de rêves, les mouvements oculaires dégradés les associations => par association, transformation de l’empreinte en mémoire (nature associative de la mémoire) => dégradés les deuils (évoqués par Freud).
Avec l’EMDR, la guérison souvent rapide et profonde (lorsqu’il s’agit de traumatismes simples et que les cibles sont bien définies) et l’accélération des traitements conduit à remettre en cause certains à priori, comme : « c’est la parole qui guérit » ou bien : « Il faut beaucoup de temps pour guérir ». Il est ainsi prouvé que le temps de guérison ne dépend que de la justesse des solutions (compréhension et mise en œuvre) remboursées par le thérapeute au problème du patient.
(9) EMDR par rapport à certaines techniques énergétiques ou de méditation :
L’EMDR est une forme guidée et accélérée de la méditation “de pleine conscience” à laquelle il manque la stimulation alternative. Par conséquent, la méditation pleine conscience est une discipline assez difficile, et les résultats sont plus longs à venir.
Grâce à cette stimulation bilatérale, l’EMDR facilite et accélère les mécanismes (avec en plus l’accompagnement du thérapeute).
Le résultat, c’est que contrairement à l’EMDR, les techniques de méditation ou de cohérence cardiaque ou d’auto-EFT par exemple, doivent être pratiquées en continu et demandent beaucoup d’entrainement.
Une thérapie EMDR permet un travail beaucoup plus approfondi que ces techniques, avec un résultat plus durable et même définitif si la thérapie a été bien menée.
C’est pourquoi l’EMDR ne peut être mise entre toutes les mains.
Pour prévenir tout risque de charlatanisme, de secte, de pratique abusive, que « L’Association Européenne d’EMDR a établi des critères très stricts qui régissent le titre de ” Praticien EMDR Certifié ” » :
Ceux-ci n’ont été admis à la formation EMDR que sur des critères de sélection très stricts.
En plus de leur formation de base à la psychothérapie, ces thérapeutes doivent non seulement avoir complété tout un cycle de formation et de supervision mais en plus, ils sont dans l’obligation de suivre une formation continue à l’EMDR.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Eye_movement_desensitization_and_reprocessing
Principaux ouvrages sur l’EMDR :
- « EMDR – » de Jacques Roques (éd. CouleurPsy – Seuil – 2007), interview de David Servan-Schreiber.
- « L’EMDR » de Jacques Roques (éd. Découvrir – Dunod InterEditions – 2008).Traitement, théorie, témoignages
- « Manuel d’EMDR : Principes, protocoles, procédures » de Francine Shapiro (éd. InterEditions – 2007), préfacé par David Servan-Schreiber. Public : Professionnels de la relation d’aide et du soin.
- « Des yeux pour guérir » de Francine Shapiro (éd. CouleurPsy – Seuil – 2005), préfacé par David Servan-Schreiber.
- EMDR : la thérapie pour guérir l’angoisse, le stress et les traumatismes
- « EMDR, une révolution thérapeutique » de Jacques Roques (éd. la méridienne – 2004), préfacé par David Servan-Schreiber.
- « ABC de l’EMDR – la thérapie des émotions » de Sophie Madoun et Dr Danielle Dumonteil (éd. Grancher – 2005) : petit livre simple et clair, mais limité par rapport aux ouvrages de Jacques Roques et Francine Shapiro, les références.
© David Servan-Schreiber
Faire un bon ancrage positif pour booster sa motivation
Comment faire un bon ancrage positif
pour booster sa motivation
L’ancrage émotionnel nous vient de la PNL (Programmation neurolinguistique) et permet au moyen de techniques simples de changer d’état d’esprit afin de réagir de façon différente à des situations dans lesquelles nous pouvons être en détresse émotionnelle ou pour reprogrammer notre mental afin de mieux réagir.
Les évènements et les situations que nous vivons se codent dans notre cerveau avant tout avec nos 5 sens :
Ce que nous voyons, ce que nous entendons, ce que nous sentons, ce que nous goûtons, ce que nous touchons.
Tout cela donne le ton à notre ressenti
C’est pour cela que nous ressentons des émotions positives ou des émotions négatives en fonction des endroits dans lesquels nous nous trouvons, ou bien de situations que nous vivons.
Notre état mental nous vient de l’association que fait notre cerveau à partir des évènements que nous avons vécus et surtout de la façon dont nous les avons vécus.
Ce qui veut dire que les ancrages que nous avons dans notre cerveau nous viennent des expériences que nous avons faites tout au long de notre vie, qu’elles soient positives ou négatives.
Exemples négatifs
Imaginons par exemple, qu’enfant vous avez eu une humiliation devant toute la classe qui s’est moquée de vous lors d’une interrogation au tableau alors que vous aviez oublié votre leçon. Vous vous êtes fait en plus gronder par le maitre ou la maitresse et gardez, même après plusieurs années, le souvenir qui fait encore mal quand vous y repensez, une gêne, un inconfort ou une perte de confiance en vous quand vous devez vous exprimer en public.
Un autre exemple, vous avez été impliqué dans un accident de voiture. Les réactions iront selon l’intensité de l’évènement et selon que vous ayez été seul ou aidé; à ne plus prendre la voiture, ne plus conduire, ou ressentir de l’inconfort quand vous repassez sur les lieux de l’accident, du stress, une attaque de panique…
Exemples positifs
Petit votre grand-mère vous faisait des câlins, des bisous, les bons petits plats que vous aimiez, l’odeur de ces plats vous fera du bien, vous rappellera les bons moments passés avec elle et vous feront ressentir des sensations agréables et des émotions positives.
Vous avez réussi un examen, vous êtes fier, heureux, plein d’énergie. Vous vous sentez sur le toit du monde !
Nous pouvons apprendre à nous conditionner pour changer notre état d’esprit, puisque nous avons dans notre cerveau une banque de souvenirs dans lesquels nous pouvons aller piocher pour retrouver des moments de puissance. Et il y en a, même si nous sommes souvent submergés par les souvenirs négatifs. Bien sur, si le souvenir qui nous plombe est fortement connoté négativement, voir extrêmement traumatique, nous aurons besoin de quelques séances de thérapie style EMDR pour nous aider à en sortir plus rapidement. Il n’en reste pas moins, qu’en utilisant des techniques d’ancrage positives, nous pouvons changer notre état mental.
Comment effectuer un bon ancrage positif, facilement en 9 étapes ?
Nous pouvons effectuer un ancrage en fonction de l’état d’esprit dans lequel nous voudrions être pour affronter une situation. Ici, nous allons utiliser notre imaginaire.
Exemple : Le lundi, vous ne vous sentez pas bien, surtout quand le temps est gris.
Nous allons premièrement faire un inventaire de : ce que vous voyez, entendez, sentez, goûtez, touchez.
1. Changer l’image intérieure
Quelle image avez-vous à l’intérieur de vous.Comment est-elle ? Grande, sombre, peu motivante ? Où êtes-vous ? À l’intérieur, à l’extérieur ? Vous sentez-vous rassuré, en sécurité ?
imaginez que vous changez l’image : imaginez que vous y mettez de la lumière, à l’intérieur, vous allumez, à l’extérieur imaginez qu’il y a du soleil.
2. Changer ce que vous entendez
Qu’entendez-vous, les sons sont-ils mélodieux ou désagréables ? S’ils sont agréables, c’est OK, s’ils ne le sont pas, vous pouvez imaginer une radio d’où proviennent les sons et vous pouvez tout simplement débrancher la prise.
3. Changer ce que vous sentez
Que sentez-vous ? L’odeur est-elle agréable ? Si elle est désagréable, vous pouvez imaginer que vous la mettez dans une bouteille et que vous fermez soigneusement le bouchon.
4. Changer ce que vous touchez
Que touchez-vous ? Changez ce que vous imaginez toucher en une matière agréable.
5. Changer ce que vous goûtez
6. Amplifier les sensations
Maintenant, nous allons amplifier toutes les sensations agréables, imaginer une image lumineuse, des sons mélodieux, une odeur qui vous fait du bien, un goût exquis et un toucher agréable.
7. Evaluer les sensations
Nous allons les évaluer sur une échelle de 1 à 7
1 = Pas très convaincu
7 = Tout à fait convaincu
8. Installer l’ancrage
– Posez ensuite, vos 2 mains soit sur vos épaules, ou vos genoux en faisant 4 tapotements alternatifs, pas plus. Prenez de grandes respirations profondes et agréables en inspirant par le nez et en expirant par la bouche.
9. Amplifier l’installation
-Recommencez 2 ou 3 fois pour bien l’installer.
La technique rapide
Imaginez, un lieu, une chanson, un mot, un moment où vous vous êtes senti particulièrement bien. Rappelez-vous ce que vous avez vu, entendu, senti, touché, gouté. Posez vos 2 mains soit sur vos épaules, soit sur vos genoux en faisant 4 tapotements, pas plus. Prenez de grandes respirations profondes et amplifiez l’image et la sensation.
Recommencez 2 ou 3 fois pour bien amplifier l’ancrage.
Ça y est, vous savez comment faire un ancrage et il vous suffira d’y repenser et de poser votre main sur vos genoux ou vos épaules pour faire revenir le ressenti agréable.
Marie-Agnès Thulliez
Écouter cet article:
Qu’est-ce qu’un trauma ?
Selon le Pr Besel Van Der Kolk : “Contrairement à la croyance populaire, les traumatismes sont extrêmement courants. Nous avons tous des emplois, des événements de la vie et des situations désagréables qui nous causent un stress quotidien. Mais lorsque notre corps continue à revivre ce stress pendant des jours, des semaines, des mois, voire des années, ce stress modifie notre cerveau, créant un traumatisme dans notre esprit, et ce traumatisme peut éventuellement se manifester dans notre corps physique.
Le traumatisme n’est pas ce qui nous arrive, mais la façon dont nous réagissons à la situation traumatique. Un événement qui est traumatisant pour une personne peut ne pas être un problème pour une autre. Le fait qu’un événement devienne traumatique ou non dépend en grande partie de l’entourage de la personne qui le vit. Était-elle seule et effrayée, était-elle réconfortée par ses amis et sa famille ?
Le problème avec le traumatisme, c’est qu’il commence lorsque quelque chose nous arrive, mais ce n’est pas là qu’il s’arrête – il modifie notre cerveau. Une fois que notre cerveau a changé et que nous sommes constamment en mode combat ou fuite, il peut être difficile de rester concentré, de ressentir de la joie ou d’éprouver du plaisir jusqu’à ce que ce traumatisme soit guéri. Heureusement, les pratiques psychologiques modernes développent des méthodes innovantes qui fonctionnent réellement pour guérir des traumatismes”.
Dans la vidéo ci-dessous, Bessel Van Del Kolk nous dit :
” La chose la plus importante à savoir est qu’il y a une différence entre un traumatisme et le stress. Comme j’aime le dire aux gens, la vie est souvent nulle. Nous avons tous des emplois et des situations qui sont vraiment désagréables. Mais dès qu’une situation est terminée, elle est terminée. Le problème avec les traumatismes, c’est que lorsque la situation est terminée, votre corps continue à la revivre.
Mon nom est Bessel van der Kolk. Je suis psychiatre, neuroscientifique et auteur du livre “The Body Keeps the Score”.
J’ai commencé à m’intéresser aux traumatismes lors de mon premier jour de travail à l’administration des anciens combattants. C’était en 1978, et la guerre du Vietnam était terminée depuis six ou sept ans. Le tout premier jour où j’ai rencontré des vétérans du Vietnam, j’ai été époustouflé. C’était des gars de mon âge, qui étaient clairement intelligents, compétents et athlétiques. Et ils étaient clairement l’ombre d’eux-mêmes. Mais leur corps était clairement affecté par le traumatisme et ils avaient beaucoup de mal à se connecter avec de nouvelles personnes après la guerre.
À cette époque, un groupe d’entre nous a commencé à définir ce qu’est un traumatisme. Et dans la définition du TSPT, nous écrivons que ces personnes ont été exposées à des événements extraordinaires, en dehors de l’expérience humaine normale. Maintenant, avec le recul, cela nous montre à quel point nous étions ignorants et étroits d’esprit, car il s’est avéré que ce n’est pas du tout notre expérience habituelle.
Les gens pensent généralement à l’armée quand ils parlent de traumatisme. Mais en Amérique, au moins un enfant sur huit est témoin de violences physiques de la part de ses parents. Un nombre encore plus important d’enfants se font battre très fort par leurs propres soignants. Un très grand nombre de personnes en général, mais les femmes en particulier, ont des expériences sexuelles qui étaient clairement non désirées et qui les ont laissées confuses et énervées.
Ainsi, contrairement à ce que nous pensions au départ, le traumatisme est en fait extrêmement courant. Il y a beaucoup de débats sur ce qu’est le traumatisme à ce jour. Mais en gros, le traumatisme est quelque chose qui vous arrive et qui vous bouleverse au point de vous submerger. Et il n’y a rien que vous puissiez faire pour éviter l’inévitable. Vous vous effondrez dans un état de confusion, voire de rage, parce que vous êtes incapable de fonctionner face à cette menace particulière. Mais le traumatisme n’est pas l’événement qui se produit, le traumatisme est la façon dont vous y répondez.
L’un des principaux facteurs d’atténuation d’un traumatisme est la personne qui est là pour vous à ce moment précis. Quand, enfant, vous êtes mordu par un chien, c’est vraiment très effrayant et très désagréable. Mais si vos parents viennent vous chercher et vous disent : “Oh, je vois que tu es vraiment mal en point, laisse-moi t’aider”. La morsure de chien ne devient pas un gros problème parce que les fondements de ta sécurité n’ont pas été détruits. Nous sommes des personnes profondément interdépendantes, tant que nos relations sont intactes, nous supportons plutôt bien les traumatismes. C’est une expérience subjective et ce qui est peut-être traumatisant pour vous ne l’est peut-être pas pour moi, en fonction de notre personnalité et de nos expériences antérieures.
Le problème du traumatisme, c’est qu’il commence par quelque chose qui nous arrive, mais ce n’est pas là qu’il s’arrête, car il modifie votre cerveau. Une grande partie de l’empreinte du traumatisme est dans la partie très primitive de survie de votre cerveau que j’aime appeler le cerveau cafardeux. Une partie de vous qui ne fait que repérer ce qui est dangereux et ce qui est sûr. Et quand vous êtes traumatisé, cette petite partie de votre cerveau, qui est habituellement très silencieuse, continue à envoyer des messages. Je suis en danger. Je ne suis pas en sécurité. L’événement lui-même est terminé, mais vous continuez à réagir aux choses comme si vous étiez en danger. Nous parlons de survie. Nous parlons de rester en vie. Je dis que certaines personnes se mettent en mode combat-fuite. Ou à un niveau plus primitif, le cerveau des gens s’arrête et ils s’effondrent. Pourtant, ces réponses automatiques ne sont pas le produit de vos évaluations cognitives, elles sont le produit de votre cerveau animal qui essaie de rester en vie face à quelque chose que cette partie de votre cerveau interprète comme une menace pour votre vie. Le problème est alors que vous n’êtes pas en mesure de vous engager, d’apprendre, de voir le point de vue des autres ou de coordonner vos sentiments avec votre pensée.
Les personnes traumatisées ont d’énormes difficultés à éprouver du plaisir et de la joie. Mais le problème central est lié à nos hormones et à nos impulsions physiologiques qui ont trait à la survie. Votre corps se mobilise sans cesse pour se battre. Vous avez toutes sortes d’anomalies immunologiques. Des anomalies endocriniennes. Et cela dévaste vraiment votre santé physique aussi.
Souvent, les problèmes physiques sont plus durables que les problèmes mentaux. Et l’autre chose qui est terriblement importante est l’impact de la pauvreté, ou l’impact du racisme, ou l’impact du chômage. Il existe d’autres sociétés qui sont beaucoup plus sensibles aux traumatismes que nous. Là où il n’y a pas d’énormes inégalités de revenus, où les soins de santé sont universels, où la garde des enfants est universelle. Une culture comme celle-là s’intéresse vraiment aux antécédents de certaines formes de pathologie. Donc, la grande question est une question politique.
Comment réorganiser notre société pour qu’elle connaisse vraiment les traumatismes afin que les personnes qui grandissent dans des conditions extrêmes puissent devenir des membres à part entière de la société ? Le sens de la communauté et le fait que les gens soient là les uns pour les autres sont des éléments essentiels pour survivre et s’épanouir”.
Pr Bessel Van Der Kolk
À propos de Bessel van der Kolk :
Bessel van der Kolk est un psychiatre connu pour ses recherches dans le domaine du stress post-traumatique depuis les années 1970. Ses travaux portent sur l’interaction entre l’attachement, la neurobiologie et les aspects développementaux des effets des traumatismes sur les personnes. Sa principale publication, Traumatic Stress : The Effects of Overwhelming Experience on Mind, Body, and Society, traite de la manière dont le rôle des traumatismes dans les maladies psychiatriques a évolué au cours des 20 dernières années.
Le Pr van der Kolk est l’ancien président de l’International Society for Traumatic Stress Studies, professeur de psychiatrie à la faculté de médecine de l’université de Boston et directeur médical du Trauma Center du JRI à Brookline, dans le Massachusetts. Il a enseigné dans des universités et des hôpitaux aux États-Unis et dans le monde entier, notamment en Europe, en Afrique, en Russie, en Australie, en Israël et en Chine.
Bibliographie
Le corps n’oublie rien