GERER le STRESS

EMDR

L' EMDR

Une méthode innovante pour traiter les traumatismes
et encourager la guérison

 
 
 
 
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La thérapie EMDR est un acronyme qui veut dire « Eye Movement Desensitization and Reprocessing » également connu sous le nom de thérapie de désensibilisation et de retraitement par les mouvements oculaires. 
C’est une approche psychothérapeutique créée par Francine Shapiro, américaine et docteur en psychologie.  Développée en 1989, l’EMDR s’est révélée être efficace pour traiter les troubles liés aux traumatismes, selon des études scientifiques (Van der Kolk et al., 2007).
 
L’EMDR est une thérapie intégrative qui combine des éléments de différentes approches thérapeutiques telles que les thérapies cognitivo-comportementales, la Gestalt Thérapie, la thérapie centrée sur la personne, les états de conscience modifiés (état hypnotique, pleine conscience) et la psychanalyse ( Shapiro, 2018).
 
 

Le modèle de traitement adaptatif de l’information

L’EMDR se fonde sur le modèle du traitement adaptatif de l’information (TAI) (Solomon & Shapiro, 2008). Ce modèle suggère que chaque individu possède un mécanisme physiologique d’adaptation permettant d’absorber et d’intégrer les expériences vécues afin de mieux s’adapter à son environnement.
 
Ainsi, les aspects bénéfiques de ces expériences sont qualifiés et accessibles pour orienter nos décisions futures. Les expériences sont intégrées dans des réseaux de mémoire préexistants et sont reliées à des expériences similaires, ce qui leur confère une signification (Shapiro, 2001).
 
 
Néanmoins, lorsque les événements vécus sont extrêmement perturbateurs ou traumatiques, le processus de TAI peut être entraîné.
Les conséquences négatives qui en résultent sont souvent persistantes et peuvent se traduire par un trouble de stress post-traumatique (TSPT), des troubles dépressifs, anxieux, alimentaires, des addictions ou divers problèmes physiques (Bisson et al., 2013).
 
Le modèle du TAI considère ainsi le traumatisme comme une entrave au processus adaptatif. Il stipule également que les situations douloureuses actuelles peuvent raviver un événement passé non résolu et non traité, comme par exemple, une personne ayant été
victime d’un accident de voiture, qui ressent de l’anxiété et du stress lorsqu’elle se trouve dans une voiture, ou lorsqu’elle entend
un bruit similaire à celui de l’accident, même des années après.
 
 

L’efficacité de l’EMDR

 
Des études scientifiques ont confirmé l’efficacité de l’EMDR pour le traitement des traumatismes et des troubles post-traumatiques. 
Par exemple, une méta-analyse réalisée par Chen et al. (2015) a montré que l’EMDR était plus efficace que d’autres thérapies pour traiter
l’Etat de Stress Post-Traumatique (ESPT).
En outre, des recherches ont indiqué que l’EMDR peut également être bénéfique pour les personnes souffrant de troubles anxieux, dépressifs et alimentaires, ainsi que pour celles ayant des antécédents d’addiction (Shapiro, 2018). En plus de ces troubles, l’EMDR peut être utilisé pour retirer tous les souvenirs d’événements traumatiques qui ont laissé une empreinte douloureuse dans la vie d’une personne, comme une humiliation publique ou une rupture difficile, qui peut causer de l’ anxiogène.
 
 

Les phases de l’EMDR

 
La thérapie EMDR se déroule en 8 étapes, permettant de traiter de manière différenciée et complète les traumatismes et les troubles qui en sont attendus (Shapiro, 2001).
 
  1. Histoire du patient et planification.
  2. Préparation.
  3. Évaluation et identification des cibles.
  4. Désensibilisation.
  5. Installation.
  6. Exploration des cognitions.
  7. Clôture de la séance.
  8. Évaluation de la progression.
 
La phase de désensibilisation de l’EMDR implique l’utilisation de stimulations bilatérales, telles que des mouvements oculaires, des sons alternés ou des tapotements, pour aider le patient à retraiter les souvenirs traumatiques. 
Le patient se concentre sur le souvenir traumatique tout en suivant l’alternative de stimulation choisie avec le thérapeute.
 
 

L’EMDR en action

 
Pendant la séance, le thérapeute demande au patient d’identifier l’image la plus difficile du souvenir, la cognition négative et irrationnelle associée et la zone corporelle où il ressent une gêne (Shapiro, 2001). Le patient est invité
à être un observateur des manifestations psychiques et physiques sans jugement ni retenu. Les associations qui se forment relient les différents éléments en rapport avec l’expérience traumatique et permettent de mettre en relation les croyances irrationnelles négatives, avec des connaissances matures et plus objectives. (Shapiro, 2018).
 
La métabolisation, la digestion et la dissolution des perceptions négatives initiales et irrationnelles aboutissent à une compréhension adaptée, rationnelle et saine de la situation traumatique. L’efficacité de la méthode est évaluée par la diminution ou l’élimination de la souffrance, ou bien, l’événement ne déclenche plus de peur, d’angoisse ou de souffrance (Shapiro, 2001).
 
Contrairement aux thérapies comportementales, l’exposition en EMDR ne dure que quelques secondes lors de l’activation du souvenir traumatique en début de phase de retraitement. Bien qu’une séance nécessite l’évocation du traumatisme, il n’est pas obligatoire de le décrire en détail (Shapiro, 2001).
 
L’EMDR ne supprime pas les souvenirs, mais les retraite pour empêcher les réactions émotionnelles intenses. Le processus dissout les perceptions négatives initiales et irrationnelles et permet de les incorporer de manière adaptative dans la mémoire autobiographique en réduisant la charge émotionnelle négative associée à ces souvenirs traumatiques. Ce processus permet au patient de retrouver un sentiment de sécurité et de contrôle.
 
 

Comment fonctionne l’EMDR ?

 
 
On se demande souvent comment fonctionne l’EMDR pour produire un effet thérapeutique aussi spectaculaire ? La réponse reste décevante car il n’y a à ce jour pas d’explication exacte. Cette incertitude n’est pas spécifique à l’EMDR, elle est commune à la plupart
des psychothérapies, et il en existe plus de 400. Cependant, L’EMDR est l’une des thérapies pour laquelle il y a eu de très nombreuses recherches. D’autres sont actuellement en cours pour établir des hypothèses intéressantes comme celles qui suit :
 
Lorsqu’une personne est traumatisée, son système nerveux autonome est activé en réponse au danger perçu. Le système sympathique,
qui est une partie du système nerveux autonome, et responsable de la réponse :
Attaque/fuite/sidération. Il augmente la fréquence cardiaque, la tension artérielle, la respiration et la production d’adrénaline, qui est une hormone de stress. Cela peut empêcher l’intégration adaptative de l’information traumatique.
 
Lors d’une séance d’EMDR, la stimulation bilatérale permet de synchroniser les deux hémisphères du cerveau, favorisant ainsi l’intégration adaptative de l’information traumatique. Cette stimulation induit également une relaxation profonde, ce qui stimule le fonctionnement parasympathique du cerveau. Le système parasympathique est responsable de la relaxation et de la récupération du corps, et l’acétylcholine est le principal neurotransmetteur de ce système. Elle est impliquée dans de nombreuses fonctions du corps, telles que la contraction musculaire, le rythme cardiaque, la régulation du sommeil et de l’attention, ainsi que la mémoire et les fonctions cognitives. En favorisant le fonctionnement parasympathique et la libération d’acétylcholine, l’EMDR permet une réduction des réactions émotionnelles intenses et persistantes associées aux souvenirs traumatiques (Shapiro, 2001 ; Sack et al., 2008).
 
L’attitude de “double attention” utilisée dans l’EMDR consiste à être attentif à la fois à ce qui se passe à l’intérieur et à l’extérieur de soi. Cette attitude est similaire à celle utilisée dans la méditation de pleine conscience, où l’on est attentif à ses pensées, émotions et sensations physiques. Cette attitude permet de rester en contact avec ses émotions et ses sensations physiques pendant la phase de retraitement, ce qui est important pour le traitement adaptatif et intégré des souvenirs traumatiques (Shapiro, 2001).
 
 
 

Les sentiments  contradictoires qui freinent la guérison !

 
Lorsque l’on souhaite guérir, il est normal de ressentir des sentiments contradictoires, l’ambivalence est un phénomène humain.
Même si on a conscience de vouloir se soigner, certaines parties de nous peuvent s’opposer à ce changement. Le désir de guérison
est souvent accompagné d’une résistance au changement et implique souvent des modifications importantes dans nos vies, ce qui
peut engendrer de l’anxiété et de l’inquiétude. La thérapie nécessite une alliance solide et sécurisée entre le patient et le thérapeute
pour s’engager en toute confiance dans ce processus de changement et de découverte de soi.
 
 

Les études scientifiques

 
Plusieurs études scientifiques ont été nécessaires pour évaluer l’efficacité de l’EMDR dans le traitement des traumatismes et
des troubles post-traumatiques. Une étude menée par le Pr Bessel Van der Kolk et al. (2007) a comparé l’efficacité de l’EMDR
et celle de la thérapie cognitivo-comportementale pour le traitement du trouble de stress post-traumatique. Les résultats ont
montré que l’EMDR est plus efficace que la thérapie cognitivo-comportementale pour traiter ce trouble.
 
D’autres études ont également démontré l’efficacité de l’EMDR dans le traitement d’autres troubles tels que l’anxiété, la dépression,
les troubles alimentaires et les antécédents de toxicomanie (Shapiro, 2018). Ces études ont consolidé la place de l’EMDR en tant qu’approche thérapeutique efficace pour le traitement des traumatismes et de leurs conséquences négatives sur la santé mentale
et physique des individus.
 

Conclusion

 
L’EMDR est une approche thérapeutique innovante qui a révolutionné la prise en charge des traumatismes et des troubles qui en
découlent. En aidant les patients à retraiter les souvenirs traumatisants et à les intégrer de manière adéquate dans leur mémoire autobiographique, l’EMDR favorise la guérison et contribue à réduire ou éliminer les symptômes liés aux traumatismes.
Cependant, le traitement doit être adapté à chaque patient et supervisé par un professionnel formé et compétent.
Les études scientifiques confirment l’efficacité de l’EMDR dans le traitement des troubles post-traumatiques
(Chen et al., 2015) et d’autres troubles psychologiques, tels que les troubles anxieux, dépressifs et alimentaires
(Shapiro, 2018).
 
Marie-Agnès Thulliez
 
 

Bibliographie :

 
  • En ligne Shapiro, F. (2001). Eye Movement Desensitization and Reprocessing (EMDR): Principes de base, protocoles et procédures (2e éd.). Presse Guilford.
  • Van der Kolk, BA, Spinazzola, J., Blaustein, ME, Hopper, JW, Hopper, EK, Korn, DL et Simpson, WB (2007). Un essai clinique randomisé sur la désensibilisation et le retraitement des mouvements oculaires (EMDR), la fluoxétine et la pilule placebo dans le traitement du trouble de stress post-traumatique : effets du traitement et entretien à long terme. Tourillon de psychiatrie clinique, 68(1), 37-46.
  • Chen, YR, Huang, MF et Yeh, ML (2015). Efficacité de la désensibilisation et du retraitement des mouvements oculaires chez les patients souffrant de trouble de stress post-traumatique : une méta-analyse d’essais contrôlés randomisés. PloS un, 10(8), e0135173.
  • Shapiro, F. (2018). Désensibilisation et retraitement des mouvements oculaires : principes de base, protocoles et procédures. Éditions Guilford.
  • Bisson, J., Roberts, NP, Andrew, M., Cooper, R. et Lewis, C. (2013). Thérapies psychologiques pour le trouble de stress post-traumatique chronique (SSPT) chez l’adulte. Base de données Cochrane des revues systématiques, 2013(12). doi : 10.1002/14651858.CD003388.pub4
  • Carlson, J., Chemtob, CM, Rusnak, K., Hedlund, NL et Muraoka, MY (1998). Traitement de désensibilisation et de retraitement des mouvements oculaires (EMDR) pour le trouble de stress post-traumatique lié au combat. Journal du stress traumatique, 11(1), 3-24. doi: 10.1023/A:1024464517714
  • Lee, CW, & Cuijpers, P. (2013). Une méta-analyse de la contribution des mouvements oculaires dans le traitement des souvenirs émotionnels. Journal de thérapie comportementale et de psychiatrie expérimentale, 44(2), 231-239. doi : 10.1016/j.jbtep.2013.01.007
  • Seidler, GH, & Wagner, FE (2006). Comparaison de l’efficacité de l’EMDR et de la thérapie cognitivo-comportementale centrée sur les traumatismes dans le traitement du SSPT : une étude méta-analytique. Médecine psychologique, 36(11), 1515-1522. doi: 10.1017/S0033291706007963

Lâcher prise

 

Lâcher prise

 

Pourquoi abandonner le contrôle de nos illusions est essentiel pour notre bien-être émotionnel ?

 

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Le lâcher prise est un concept souvent mal compris, mais il peut être compris en tant que processus de libération émotionnelle qui nous aide à vivre plus sereinement. En examinant les différentes façons dont nous pouvons nous libérer de nos illusions et de nos pensées limitantes, nous pouvons mieux gérer nos émotions.

 Le lâcher prise est souvent associé à la faiblesse, mais en réalité, c’est un processus qui peut nous aider à progresser, à nous libérer de poids inutiles et à changer notre façon de percevoir les choses. Pour mieux comprendre cette notion, nous allons examiner son histoire, ses analogies, ses exemples et ses perspectives contre-intuitives.

Historiquement, la notion de lâcher prise remonte à la philosophie bouddhiste, qui prône la libération des désirs et des attachements pour atteindre l’éveil. Dans la psychologie, le lâcher prise est souvent associé à la thérapie cognitivo-comportementale, qui consiste à changer notre façon de penser pour mieux gérer nos émotions.

Une analogie courante pour illustrer le lâcher prise est celle de la rivière. Si nous essayons de contrôler la rivière, elle finira par nous emporter. En revanche, si nous laissons la rivière suivre son cours, elle nous emmènera vers de nouveaux horizons.

Les exemples de lâcher prise sont nombreux et variés. Nous pouvons lâcher prise sur une relation amoureuse qui ne fonctionne pas, sur une situation de travail qui nous cause du stress, sur des attentes irréalistes que nous avons de nous-mêmes, sur des ressentiments envers quelqu’un qui nous a fait du mal, etc.

Cependant, la clé du lâcher prise ne consiste pas à renoncer à nos aspirations, mais plutôt à être conscients de nos limites et à accepter les situations telles qu’elles sont. Cela ne veut pas dire que nous devons être passifs, mais plutôt que nous devons adopter une attitude plus ouverte et flexible.

Le lâcher prise est souvent contre-intuitif, car il implique de lâcher le contrôle sur des choses que nous croyons pouvoir contrôler. Cela peut être effrayant, car cela signifie que nous devons nous confronter à l’inconnu. Cependant, c’est souvent en lâchant prise que nous trouvons de nouvelles opportunités et de nouveaux horizons.

En résumé, le lâcher prise est un processus de libération émotionnelle qui nous aide à mieux gérer nos émotions en nous libérant de nos illusions et de nos pensées limitantes. Pour y parvenir, nous devons être conscients de nos limites, accepter les situations telles qu’elles sont, adopter une attitude plus ouverte et flexible, et nous confronter à l’inconnu.

 

Exercice pratique 1 :

 

  1. Trouvez un endroit calme où vous pourrez être seul et tranquille pendant quelques minutes.
  2. Prenez quelques respirations profondes et lentes pour vous détendre.
  3. Pensez à une situation qui vous cause de la tension ou du stress, quelque chose qui vous empêche de lâcher prise.
  4. Visualisez cette situation sous forme d’une boule ou d’un objet solide que vous tenez dans votre main.
  5. Imaginez-vous en train de lâcher cette boule ou cet objet, en laissant aller toutes les tensions, les peurs et les préoccupations qui y sont associées.
  6. Respirez profondément et lentement pendant quelques instants, en laissant votre corps se détendre et votre esprit se libérer.
  7. Visualisez maintenant un paysage agréable, un endroit paisible et calme, où vous pouvez vous détendre complètement.
  8. Imaginez-vous en train de vous promener dans ce paysage, en ressentant la paix et la sérénité qui y règnent.
  9. Restez dans cette visualisation pendant quelques minutes, en ressentant le calme et la tranquillité se diffuser dans tout votre être.
  10. Répétez cet exercice régulièrement, chaque fois que vous vous sentez tendu ou stressé, pour vous aider à lâcher prise et à retrouver votre sérénité intérieure.

Cet exercice peut vous aider à vous libérer de vos préoccupations et de vos pensées limitantes, en vous permettant de vous concentrer sur des pensées et des images positives. En pratiquant régulièrement, vous pouvez améliorer votre bien-être émotionnel et physique, et vous libérer des tensions et du stress accumulés dans votre vie quotidienne.

 

Exercice pratique 2 :

 

  1. Prenez un moment pour vous asseoir confortablement et fermer les yeux.
  2. Concentrez-vous sur votre respiration et prenez quelques respirations profondes pour vous détendre.
  3. Imaginez que vous tenez une boîte dans vos mains. Cette boîte représente toutes les pensées, émotions et sentiments que vous souhaitez lâcher prise.
  4. Visualisez-vous en train d’ouvrir la boîte et y placer toutes ces pensées, émotions et sentiments.
  5. Maintenant, fermez la boîte et imaginez que vous la placez sur un nuage.
  6. Regardez la boîte disparaître dans le nuage, emportant avec elle toutes les pensées, émotions et sentiments que vous avez choisi de lâcher prise.
  7. Prenez quelques respirations profondes et imaginez que vous vous sentez plus léger et plus libéré.

Cet exercice peut être répété chaque fois que vous en avez besoin. Il peut également être utile de prendre des notes sur les pensées, émotions et sentiments que vous souhaitez lâcher, pour vous aider à identifier les schémas et les habitudes de pensée qui vous tirent vers le bas.

En conclusion, lâcher prise peut nous aider à gérer nos émotions et à vivre plus sereinement en nous libérant de nos illusions et de nos pensées limitantes. Nous avons exploré 2 exercices pratiques et différentes façons de faire, comme l’acceptation de ce qui est et que l’on ne peut de toute façon pas changer, la gratitude, la pleine conscience et la transformation de nos croyances limitantes.

Rappelez-vous que le lâcher prise est un processus continu qui demande de la pratique et de la patience, mais qui peut vous aider à vous libérer de poids inutiles et à vivre plus pleinement le moment présent.

Marie-Agnès Thulliez

Comment avoir un lieu de sécurité intérieur ?

 

 

Exercice de stabilisation : le lieu sûr 

 
La notion de lieu sûr renvoie à un endroit où nous nous se sentons en sécurité et où nous ressentons du bien-être. Ce lieu se construit au moyen de l’imagerie mentale, comme quand nous lisons un bon livre et que notre cerveau fait des images.
 
Nous allons utiliser ce que nous voyons, entendons, ressentons, et nous l’évaluerons sur une échelle de 1 à 7.
 
En effet, lorsque nous sommes perturbés, notre fenêtre de tolérance se réduit. Avoir un lieu sûr peut nous permettre de changer notre état émotionnel en nous aidant à passer d’un réseau de mémoire négatif à un réseau de mémoire positif, favorisant ainsi le retour au calme.
 
La technique du lieu sûr est utilisée dans le cadre d’un travail thérapeutique ou lorsque nous sommes confrontés à un événement qui nous déstabilise émotionnellement.
 
Certaines personnes peuvent avoir des difficultés à imaginer un lieu sûr. Dans ce cas, une variante consiste à trouver un état sûr, c’est-à-dire une partie du corps où l’on ressent une sensation de détente, même minime.
 
Pour créer un lieu sûr, nous allons utiliser, comme nous l’avons vu précédemment, la technique d’imagerie guidée. Il s’agit de trouver une image positive à partir d’une expérience vécue, suffisamment forte pour remplacer une image perturbante qui déstabilise. L’image ne doit pas avoir de connotation négative. Par exemple, le souvenir d’une plage paradisiaque où l’on a appris une mauvaise nouvelle n’est pas un bon choix pour créer un lieu sûr.
 
Le processus de création d’un lieu sûr comprend plusieurs étapes :
1. La recherche d’une image positive,
2. La codification de l’image avec ce que l’on voit, ce que l’on entend,
3. L’émotion positive qui remonte,
4. La recherche de l’endroit où l’on ressent cette sensation dans son corps,
5. Et enfin, la codification de l’ensemble sur une échelle de 1 à 7.
 
Pour installer la sensation positive, nous allons croiser les bras autour de nos épaules et y effectuer 3 sets de 4 tapotements alternatifs.
 

Exercice d’installation du lieu sûr

 
Laisser venir une image positive qui peut être un lieu réel ou imaginaire, tel que la mer, la montagne, la campagne, une plage, une forêt, des nuages, une bulle, une cabane dans les arbres, etc. L’important est que vous vous sentiez bien et en sécurité dans ce lieu, et que vous puissiez y rajouter tout ce dont vous avez besoin. Vous pouvez également y inclure des êtres imaginaires, mais vous devez être seule dans ce lieu, sans la présence d’autres personnes.
 
Nous allons maintenant procéder à un contrôle de sécurité.
 
Vérifier si vous vous sentez totalement en sécurité. Si quelque chose vous gêne ou vous dérange, et si ce que vous voyez, entendez, touchez et ressentez convient à votre sentiment de sécurité.
 
Vérifier si la température est agréable et si vous pouvez encore augmenter votre sentiment de sécurité, ainsi que l’endroit de votre corps où vous ressentez cette sensation.
 
Une fois que vous vous sentez totalement en sécurité, nous allons faire un ancrage pour renforcer la sensation.
Pour cela, vous pouvez poser vos deux mains sur vos genoux, en faisant 4 tapotements alternatif (comme un chat), puis prendre une bonne respiration profonde et agréable en pensant simplement au bien-être et à la sécurité.
 
Et, vous pouvez ouvrir les yeux à votre rythme et revenir ici et maintenant.
 
Cette technique est très efficace pour changer votre état émotionnel et retrouver le calme. Elle permet également de renforcer la sensation de sécurité et de confort, et de la rendre plus accessible quand vous en avez besoin.
 
En conclusion, cette technique est un outil précieux pour changer votre état émotionnel et faire baisser la pression à l’intérieur de vous.

Comment notre cerveau apprend l’impuissance ?

Dans le cerveau

PODCAST

D’après le livre de Carol Forgash et Margaret Copeley ” Guérir le traumatisme et la dissociation par l’EMDR et la thérapie des états du moi, aux éditions SATAS.

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Ce que le viol fait dans le cerveau

Le viol est un traumatisme complexe qui peut avoir un impact considérable sur la santé mentale et physique des victimes. De nombreuses études ont examiné les effets psychologiques du viol sur le cerveau et ont révélé des changements structurels et fonctionnels dans le cerveau des victimes.

 
Une étude de 2018 publiée dans la revue Frontiers in Psychiatry a examiné les changements structurels du cerveau chez les femmes victimes de viol et a constaté que les victimes de violences sexuelles présentaient des modifications dans les régions du cerveau associées à la régulation des émotions, à la mémoire, à l’attention et à la prise de décision. Cette étude menée par Claudia Catani du Bielefeld University · Department of Psychology, Professor of Clinical Psychology à montré que ces modifications peuvent contribuer aux troubles psychologiques couramment associés aux traumatismes, tels que l’anxiété, la dépression et les troubles de la mémoire.
 
 Dans son livre, Le livre noir des violences sexuelles, paru chez Dunod en 2013, le Dre Muriel Salmona, psychiatre, psychothérapeute, présidente de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie, traite des violences sexuelles et de leurs conséquences sur les victimes et présente une analyse approfondie de ce fléau, ainsi que des stratégies pour prévenir et traiter ces violences.
 
Une étude de 2017 publiée et dirigée par le Pr Cyrille Tarquino: in Pratique de la psychothérapie EMDR, sous la direction de Cyril Tarquinio et Al., Dunod, 2017, & 19, pp 207-218, PDF de C Tarquinio— à démontré L’impact sur leur santé, démontré par les études internationales, est majeur, que ce soit sur leur santé mentale pour 95%des victimes (IVSEA,2015)..
 
Dans la revue BMC Psychiatry a révélé que les victimes de viol étaient plus susceptibles de souffrir de troubles de stress post-traumatique (ESPT), de dépression, d’anxiété et de troubles de l’humeur. Les chercheurs ont noté que les victimes de violences sexuelles étaient près de trois fois plus susceptibles de souffrir de ESPT que les personnes n’ayant pas vécu de tels événements traumatisants. Cette étude a été menée par R. K. Meffert et son équipe de chercheurs.
 
Les effets psychologiques du viol peuvent durer longtemps après l’agression. Une étude publiée en 2016 dans la revue PLoS One a examiné les effets du viol sur la santé mentale des femmes plusieurs années après l’agression. Les chercheurs ont constaté que les victimes de violences sexuelles étaient plus susceptibles de souffrir de dépression, d’anxiété et de TSPT plusieurs années après l’événement traumatisant. Cette étude a été menée par M. E. McLaughlin et son équipe de chercheurs.
 
Selon le professeur Bessel Van der Kolk, psychiatre et chercheur en psychotraumatologie, “un traitement efficace doit offrir une expérience sécurisante, réduire l’isolement, permettre une reconstruction narrative de l’événement traumatique et promouvoir un sentiment de contrôle sur sa vie”. Les thérapies recommandées pour la gestion des symptômes associés aux traumatismes peuvent inclure une thérapie individuelle, une thérapie de groupe, une thérapie cognitive-comportementale ou une thérapie avec l’EMDR (retraitement neuro-émotionnel par les mouvements oculaires).
 
Le viol est un crime grave qui peut causer des dommages considérables à la santé mentale et physique des victimes. Les recherches scientifiques ont montré que le viol peut entraîner des changements structurels et fonctionnels dans le cerveau, qui peuvent conduire à des troubles psychologiques tels que le TSPT, la dépression, l’anxiété et les troubles de l’humeur. Les effets psychologiques du viol peuvent durer longtemps après l’agression et avoir un impact considérable sur la qualité de vie des victimes.
 
La prévention est la meilleure méthode pour lutter contre les violences sexuelles. Cela peut inclure des programmes éducatifs et de sensibilisation qui encouragent une culture de consentement et de respect mutuel, ainsi que des politiques et des lois qui protègent les victimes et punissent les agresseurs.
 
En résumé, le viol est un traumatisme grave qui peut avoir des conséquences dévastatrices sur le cerveau et la santé mentale des victimes. Les recherches ont montré que les victimes de violences sexuelles peuvent subir des modifications structurelles et fonctionnelles dans le cerveau, entraînant des troubles psychologiques tels que l’ESPT, la dépression, l’anxiété et les troubles de l’humeur.
 
Il est essentiel que les professionnels de la santé mentale soient formés à la psychotraumatologie et disposent de l’empathie et de la présence nécessaires pour fournir un soutien et des soins appropriés aux victimes de violences sexuelles. En plus du soutien psychologique, les victimes ont également besoin d’une intervention et d’un soutien juridiques pour obtenir la reconnaissance et la réparation des souffrances subies.

Marie-Agnès Thulliez

 

Figées, bloquées, muettes… De nombreuses victimes de viol ou d’autres agressions sexuelles témoignent avoir été incapables de réagir face à leur agresseur. Selon une étude de l’institut suédois Karolinska publiée en 2017, 68 % des victimes de viol déclarent avoir été totalement paralysées face à leur agresseur. Une partie de la réponse se trouve du côté du cerveau et de ce que les chercheurs appellent la « sidération psychique » et la « dissociation traumatique ». De quoi s’agit-il ? Explication. Avec Muriel Salmona, psychiatre, Anne Bouillon, avocate spécialisée en droit des femmes, et le témoignage de Clara, Lara et Nouna.

Qu’est-ce que la mémoire traumatique ?

La mémoire traumatique se réfère à la capacité du cerveau à stocker et à rappeler des souvenirs liés à un événement traumatique. Des études ont montré que les rats traumatisés avaient une augmentation de l’expression de certaines protéines impliquées dans la consolidation de la mémoire, suggérant que la mémoire traumatique peut être renforcée par des mécanismes biochimiques spécifiques.

Elle peut être influencée par des facteurs tels que l’âge, la durée et la gravité de l’agression, ainsi que la présence de facteurs de stress supplémentaires tels que la violence domestique ou l’isolement social. Les femmes victimes de violences sexuelles qui ont été soumises à des facteurs de stress supplémentaires présentent une mémoire traumatique plus forte et plus durable que celles qui n’ont pas été soumises à ces facteurs de stress.

Les souvenirs traumatiques peuvent être déclenchés par des stimuli environnementaux qui rappellent l’événement traumatique, ce qui peut entraîner des symptômes de l’ESPT, d’anxiété et de dépression. Ces souvenirs peuvent interférer avec les activités quotidiennes et sociales des victimes, perturbant leur capacité à fonctionner normalement.

La mémoire traumatique n’est pas toujours précise et peut parfois être altérée par des facteurs tels que l’influence de tiers, la suggestion ou la reconsolidation de la mémoire. Ces facteurs doivent être explorés lors de l’évaluation et des explications alternatives doivent être prises en compte.

Pour traiter les traumatismes psychologiques, il est important que les professionnels intervenants soient formés à la psychotraumatologie et à la thérapie de soutien et des soins appropriés aux victimes de traumatismes. On sait aujourd’hui que la parole ne suffit pas pour aider les victimes de traumatismes, car dans ces situations, le langage et la capacité de raisonnement sont désactivés. Les victimes revivent l’événement traumatique avec la même intensité émotionnelle qu’au moment du trauma, même des années plus tard.

Les mémoires dysfonctionnelles sont encapsulées et déclenchées au moindre rappel de l’évènement, comme si le trauma se reproduisait. Les techniques thérapeutiques efficaces incluent l’EMDR, la thérapie cognitivo-comportementale et la thérapie de l’exposition peuvent apporter un réel changement.De nombreuses études contrôlées et randomisées ont montré la supériorité de la thérapie EMDR dans le retraitement des traumas.

La prévention est bien sûr très importante dans la lutte contre les traumatismes. Les programmes éducatifs et de sensibilisation qui encouragent une culture de prévention, de soutien et de respect mutuel peuvent aider à prévenir ces événements. Avec le retraitement des traumatismes, les victimes peuvent recevoir l’aide dont ils ont besoin, ainsi que le soutien apporté par un thérapeute empathique pour se remettre de leurs expériences et reconstruire leur vie avec confiance et résilience.

Marie-Agnès Thulliez

Une vidéo très interessante du Dr Murielle Salmona sur les mémoires traumatiques :

Véritable torture des victimes de violence sexuelle, une interview BFM TV de Murielle Salmona, psychiatre, psychotraumatologue, victimologie.

Comprendre les mystérieux mécanismes du stress

           Avez-vous déjà entendu parler du stress ? 

                   Le stress, c’est si mauvais que ça ?                              Découvrez ses mystérieux mécanismes !

 

                        

           

 

Transcription écrite de l’excellente vidéo pleine d’humour d’Alex et d’Aurélie de Neuracademia à Lausanne, par Marie-Agnès Thulliez :

  

 

Avouez que ce seul mot seul peut suffire à vous mettre dans tous vos états !

Mais attendez… C’est quoi le stress ?

 

Nous le considérons en général comme négatif, mais est-il si mauvais ?

Et que se passe-t-il dans notre corps ?

 

L’« état de stress » est une réponse NORMALE de notre corps face à un facteur de stress, ou « stresseur ».

Il s’agit d’une adaptation face aux défis, appelée allostasie.

L’allostasie se réfère aux processus adaptatifs permettant de maintenir la stabilité en réponse aux facteurs de stress.

 

Toutefois, si ce processus est continuellement requis, lorsque par exemple l’état de stress ne s’arrête pas, elle peut entraîner des dommages, appelés charge allostatique.

Avec le temps, cette charge allostatique peut avoir des effets irrévocables, un état appelé surcharge allostatique, autrement dit l’usure du corps et du cerveau qui résulte d’un « état de stress ».

 

Les stresseurs peuvent être physiques ou psychologiques.

Le froid, la chaleur, la douleur, la faim sont des exemples de facteurs de stress physique.

Il en est de même pour l’inflammation résultant d’une maladie ou d’une infection.

Les examens, la charge de travail élevée ou les insultes sont quelques-uns des facteurs de stress psychologique existants.

 

 

Dans la plupart des cas, tout facteur perçu comme une menace déclenche une réaction de stress.

Imaginez nos ancêtres, qui ont dû affronter de dangereux animaux.

Pour survivre, 3 réactions étaient possibles : fight (se battre), flight (fuir) ou freeze (se figer).

Le cerveau déclenche alors une cascade de mécanismes connus sous le nom de « réponse au stress ».

Ressentir ou subir du stress n’est pas fondamentalement mauvais.

Car sans le stress, nos ancêtres n’auraient pas survécu face aux menaces et aux défis.

Et sans ancêtres, vous ne seriez pas là !

 

À l’origine, les facteurs de stress sont des signaux d’alarme, auxquels il faut apporter une réponse rapide et adéquate pour survivre bien sûr, nous ne rencontrons pas de tels tigres à dents de sabre de nos jours…

Pourtant, la réponse au stress est fondamentalement la même que pour nos ancêtres !

Nous réagissons en mobilisant notre énergie pour nous battre ou fuir…

Alors qu’en fait, la plupart des situations stressantes actuelles ne nécessitent pas une telle mobilisation d’énergie.

Cela peut alors entraîner une réponse excessive dans plusieurs systèmes de notre corps, et être préjudiciable à notre santé.

Cependant, lorsque le stress n’est pas excessif, il peut également nous aider à mieux faire face aux difficultés.

 

N’oubliez pas que le stress est une expérience personnelle.

La perception d’un facteur de stress varie d’un individu à l’autre, en fonction de la génétique et des expériences de vie.

Cependant, il existe un ensemble commun de facteurs qui déclenchent la réponse au stress pour tout le monde.

Il s’agit de la recette du stress :

Nouveauté, imprévisibilité, menace pour l’ego, manque de contrôle.

 

Nous comprenons maintenant le concept de la réponse au stress

Mais que se passe-t-il précisément dans notre corps ?

D’un point de vue physiologique, la perception de facteurs de stress active rapidement une région spécifique : l’hypothalamus.

Et notamment le noyau paraventriculaire. 

Cela conduit à l’activation simultanée de deux systèmes,

Le système nerveux autonome et axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien  qui ciblent la même zone : les glandes surrénales.

 

Commençons par le système nerveux autonome, qui est ni plus ni moins que la composante du système nerveux qui régule les fonctions involontaires, comme par exemple la digestion ou la respiration.

Il cible la médulla des surrénales et induit la libération d’adrénaline dans le sang.

Cela déclenche notre système d’alerte, provoquant des réactions rapides telles qu’ une augmentation du rythme cardiaque ou une dilatation des pupilles.

En parallèle, l’axe hypothalamo-pituitaire-adrénalien, ou axe du stress, est également activé.

Aujourd’hui nous employons plutôt les termes hypohyse pour la glande pituitaire et surrénale au lieu d’adrénalien, on parle donc de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien. 

 

Cet axe du stress cible le cortex des surrénales, induisant la libération de cortisol.

Le cortisol assure la libération du glucose, qui est essentiel pour la production d’énergie nécessaire pour continuer à réagir au stresseur.

Le cortisol possède également une action anti-inflammatoire.

Enfin, le cortisol est capable de réguler sa propre production en agissant en amont dans le cerveau :

C’est ce que l’on appelle la rétroaction (ou feedback) négative, qui est essentiel pour stopper le processus de réaction au stress lorsqu’il n’est plus nécessaire.

Ces deux systèmes sont lancés en même temps, mais leurs chronologies sont différentes.

Le système nerveux autonome permet une réponse rapide et brève, alors que l’axe du stress est plus lent et fournit un soutien supplémentaire de manière différée.

 

En outre, ces deux voies de stress ont des schémas de réponse différents, en fonction du type de facteurs de stress.

Par exemple un bruit soudain, ne nécessite pas un traitement complexe de l’information et peut activer les deux systèmes très rapidement.

À l’inverse, les facteurs de stress tels que les stimuli émotionnels nécessitent un traitement approfondi par le cerveau.

 

Dans ce cas, les informations envoyées par nos sens sont relayées par plusieurs régions du cerveau : le thalamus, les cortex sensoriels, le cortex préfrontal, l’amygdale et enfin l’hypothalamus.

L’amygdale peut également communiquer avec l’hippocampe, le centre de la mémoire pour lui dire qu’il s’agit d’une information importante qui doit être conservée. Elle est également en contact avec le tronc cérébral.

En bref, tous ces processus biologiques sont comme les rouages d’un mécanisme.

Ils sont essentiels pour permettre à notre organisme de fournir une réponse adaptée à un stresseur.

 

Rappelez-vous on parle d’allostasie, le processus d’adaptation aux défis. C’est fondamentalement positif !

Cependant, si ces rouages sont constamment utilisés, la machine pourrait se détraquer et les effets sur notre santé deviendraient vraiment néfastes.

C’est exactement ce qui se passe avec le stress chronique.

 

Le cortisol est synthétisé en permanence en réponse au stresseur et ne peut plus s’autoréguler. Il sature ses propres récepteurs dans le cerveau et un feedback négatif n’est alors plus possible. Cette nécessité de mettre en place des ressources permanentes pour s’adapter a un coût : cela conduit à une surcharge allostatique, l’épuisement du corps entier.

De nombreux troubles peuvent alors apparaître : dépression, toxicomanie (addiction), déficits de mémoire, maladies cardiovasculaires, diabète…

 

En résumé, notre système de réponse au stress n’est pas conçu pour fonctionner en continu, mais plutôt pour répondre à des facteurs de stress aigus.

Ainsi, en cas de stress chronique, le système est fortement déréglé, tout s’emballe et peut conduire à des réactions inadaptées ainsi que des troubles psychologiques et physiologiques.

Pour éviter de tels extrêmes, il existe des contre-mesures qui ont été étudiées scientifiquement et dont l’efficacité a été prouvée.

Comme mentionné précédemment, chaque individu réagit différemment et doit donc tester ce qui fonctionne le mieux pour lui ou elle.

 

Gardez bien à l’esprit : la réponse physiologique au stress est vitale, mais peut devenir un problème si les facteurs de stress ne diminuent pas.

La perception du stress varie d’un individu à l’autre. Apprendre à contrôler la réponse au stress et éviter la surcharge allostatique est la clé de la santé mentale.

À cet effet, il existe de nombreuses contre-mesures scientifiquement prouvées qui peuvent être utilisées pour prévenir ou nous aider à faire face au stress.

 

Alex et Aurelie de Neuracademia

 

Qu’est-ce qu’un trauma ?

Selon le Pr Besel Van Der Kolk : “Contrairement à la croyance populaire, les traumatismes sont extrêmement courants. Nous avons tous des emplois, des événements de la vie et des situations désagréables qui nous causent un stress quotidien. Mais lorsque notre corps continue à revivre ce stress pendant des jours, des semaines, des mois, voire des années, ce stress modifie notre cerveau, créant un traumatisme dans notre esprit, et ce traumatisme peut éventuellement se manifester dans notre corps physique.

Le traumatisme n’est pas ce qui nous arrive, mais la façon dont nous réagissons à la situation traumatique. Un événement qui est traumatisant pour une personne peut ne pas être un problème pour une autre. Le fait qu’un événement devienne traumatique ou non dépend en grande partie de l’entourage de la personne qui le vit. Était-elle seule et effrayée, était-elle réconfortée par ses amis et sa famille ?

Le problème avec le traumatisme, c’est qu’il commence lorsque quelque chose nous arrive, mais ce n’est pas là qu’il s’arrête – il modifie notre cerveau. Une fois que notre cerveau a changé et que nous sommes constamment en mode  combat ou fuite, il peut être difficile de rester concentré, de ressentir de la joie ou d’éprouver du plaisir jusqu’à ce que ce traumatisme soit guéri. Heureusement, les pratiques psychologiques modernes développent des méthodes innovantes qui fonctionnent réellement pour guérir des traumatismes”.

Dans la vidéo ci-dessous, Bessel Van Del Kolk nous dit :  

” La chose la plus importante à savoir est qu’il y a une différence entre un traumatisme et le stress. Comme j’aime le dire aux gens, la vie est souvent nulle. Nous avons tous des emplois et des situations qui sont vraiment désagréables. Mais dès qu’une situation est terminée, elle est terminée. Le problème avec les traumatismes, c’est que lorsque la situation est terminée, votre corps continue à la revivre.

Mon nom est Bessel van der Kolk. Je suis psychiatre, neuroscientifique et auteur du livre “The Body Keeps the Score”.

J’ai commencé à m’intéresser aux traumatismes lors de mon premier jour de travail à l’administration des anciens combattants. C’était en 1978, et la guerre du Vietnam était terminée depuis six ou sept ans. Le tout premier jour où j’ai rencontré des vétérans du Vietnam, j’ai été époustouflé. C’était des gars de mon âge, qui étaient clairement intelligents, compétents et athlétiques. Et ils étaient clairement l’ombre d’eux-mêmes. Mais leur corps était clairement affecté par le traumatisme et ils avaient beaucoup de mal à se connecter avec de nouvelles personnes après la guerre.

À cette époque, un groupe d’entre nous a commencé à définir ce qu’est un traumatisme. Et dans la définition du TSPT, nous écrivons que ces personnes ont été exposées à des événements extraordinaires, en dehors de l’expérience humaine normale. Maintenant, avec le recul, cela nous montre à quel point nous étions ignorants et étroits d’esprit, car il s’est avéré que ce n’est pas du tout notre expérience habituelle.

Les gens pensent généralement à l’armée quand ils parlent de traumatisme. Mais en Amérique, au moins un enfant sur huit est témoin de violences physiques de la part de ses parents. Un nombre encore plus important d’enfants se font battre très fort par leurs propres soignants. Un très grand nombre de personnes en général, mais les femmes en particulier, ont des expériences sexuelles qui étaient clairement non désirées et qui les ont laissées confuses et énervées.

Ainsi, contrairement à ce que nous pensions au départ, le traumatisme est en fait extrêmement courant. Il y a beaucoup de débats sur ce qu’est le traumatisme à ce jour. Mais en gros, le traumatisme est quelque chose qui vous arrive et qui vous bouleverse au point de vous submerger. Et il n’y a rien que vous puissiez faire pour éviter l’inévitable. Vous vous effondrez dans un état de confusion, voire de rage, parce que vous êtes incapable de fonctionner face à cette menace particulière. Mais le traumatisme n’est pas l’événement qui se produit, le traumatisme est la façon dont vous y répondez.

L’un des principaux facteurs d’atténuation d’un traumatisme est la personne qui est là pour vous à ce moment précis. Quand, enfant, vous êtes mordu par un chien, c’est vraiment très effrayant et très désagréable. Mais si vos parents viennent vous chercher et vous disent : “Oh, je vois que tu es vraiment mal en point, laisse-moi t’aider”. La morsure de chien ne devient pas un gros problème parce que les fondements de ta sécurité n’ont pas été détruits. Nous sommes des personnes profondément interdépendantes, tant que nos relations sont intactes, nous supportons plutôt bien les traumatismes. C’est une expérience subjective et ce qui est peut-être traumatisant pour vous ne l’est peut-être pas pour moi, en fonction de notre personnalité et de nos expériences antérieures.

Le problème du traumatisme, c’est qu’il commence par quelque chose qui nous arrive, mais ce n’est pas là qu’il s’arrête, car il modifie votre cerveau. Une grande partie de l’empreinte du traumatisme est dans la partie très primitive de survie de votre cerveau que j’aime appeler le cerveau cafardeux. Une partie de vous qui ne fait que repérer ce qui est dangereux et ce qui est sûr. Et quand vous êtes traumatisé, cette petite partie de votre cerveau, qui est habituellement très silencieuse, continue à envoyer des messages. Je suis en danger. Je ne suis pas en sécurité. L’événement lui-même est terminé, mais vous continuez à réagir aux choses comme si vous étiez en danger. Nous parlons de survie. Nous parlons de rester en vie. Je dis que certaines personnes se mettent en mode combat-fuite. Ou à un niveau plus primitif, le cerveau des gens s’arrête et ils s’effondrent. Pourtant, ces réponses automatiques ne sont pas le produit de vos évaluations cognitives, elles sont le produit de votre cerveau animal qui essaie de rester en vie face à quelque chose que cette partie de votre cerveau interprète comme une menace pour votre vie. Le problème est alors que vous n’êtes pas en mesure de vous engager, d’apprendre, de voir le point de vue des autres ou de coordonner vos sentiments avec votre pensée.

Les personnes traumatisées ont d’énormes difficultés à éprouver du plaisir et de la joie. Mais le problème central est lié à nos hormones et à nos impulsions physiologiques qui ont trait à la survie. Votre corps se mobilise sans cesse pour se battre. Vous avez toutes sortes d’anomalies immunologiques. Des anomalies endocriniennes. Et cela dévaste vraiment votre santé physique aussi.

Souvent, les problèmes physiques sont plus durables que les problèmes mentaux. Et l’autre chose qui est terriblement importante est l’impact de la pauvreté, ou l’impact du racisme, ou l’impact du chômage. Il existe d’autres sociétés qui sont beaucoup plus sensibles aux traumatismes que nous. Là où il n’y a pas d’énormes inégalités de revenus, où les soins de santé sont universels, où la garde des enfants est universelle. Une culture comme celle-là s’intéresse vraiment aux antécédents de certaines formes de pathologie. Donc, la grande question est une question politique.

Comment réorganiser notre société pour qu’elle connaisse vraiment les traumatismes afin que les personnes qui grandissent dans des conditions extrêmes puissent devenir des membres à part entière de la société ? Le sens de la communauté et le fait que les gens soient là les uns pour les autres sont des éléments essentiels pour survivre et s’épanouir”.

Pr Bessel Van Der Kolk

À propos de Bessel van der Kolk :

Bessel van der Kolk est un psychiatre connu pour ses recherches dans le domaine du stress post-traumatique depuis les années 1970. Ses travaux portent sur l’interaction entre l’attachement, la neurobiologie et les aspects développementaux des effets des traumatismes sur les personnes. Sa principale publication, Traumatic Stress : The Effects of Overwhelming Experience on Mind, Body, and Society, traite de la manière dont le rôle des traumatismes dans les maladies psychiatriques a évolué au cours des 20 dernières années.

Le Pr van der Kolk est l’ancien président de l’International Society for Traumatic Stress Studies, professeur de psychiatrie à la faculté de médecine de l’université de Boston et directeur médical du Trauma Center du JRI à Brookline, dans le Massachusetts. Il a enseigné dans des universités et des hôpitaux aux États-Unis et dans le monde entier, notamment en Europe, en Afrique, en Russie, en Australie, en Israël et en Chine.

Bibliographie
Le corps n’oublie rien