Transcription écrite de l’excellente vidéo pleine d’humour d’Alex et d’Aurélie de Neuracademia à Lausanne, par Marie-Agnès Thulliez :
Avouez que ce seul mot seul peut suffire à vous mettre dans tous vos états !
Mais attendez… C’est quoi le stress ?
Nous le considérons en général comme négatif, mais est-il si mauvais ?
Et que se passe-t-il dans notre corps ?
L’« état de stress » est une réponse NORMALE de notre corps face à un facteur de stress, ou « stresseur ».
Il s’agit d’une adaptation face aux défis, appelée allostasie.
L’allostasie se réfère aux processus adaptatifs permettant de maintenir la stabilité en réponse aux facteurs de stress.
Toutefois, si ce processus est continuellement requis, lorsque par exemple l’état de stress ne s’arrête pas, elle peut entraîner des dommages, appelés charge allostatique.
Avec le temps, cette charge allostatique peut avoir des effets irrévocables, un état appelé surcharge allostatique, autrement dit l’usure du corps et du cerveau qui résulte d’un « état de stress ».
Les stresseurs peuvent être physiques ou psychologiques.
Le froid, la chaleur, la douleur, la faim sont des exemples de facteurs de stress physique.
Il en est de même pour l’inflammation résultant d’une maladie ou d’une infection.
Les examens, la charge de travail élevée ou les insultes sont quelques-uns des facteurs de stress psychologique existants.
Dans la plupart des cas, tout facteur perçu comme une menace déclenche une réaction de stress.
Imaginez nos ancêtres, qui ont dû affronter de dangereux animaux.
Pour survivre, 3 réactions étaient possibles : fight (se battre), flight (fuir) ou freeze (se figer).
Le cerveau déclenche alors une cascade de mécanismes connus sous le nom de « réponse au stress ».
Ressentir ou subir du stress n’est pas fondamentalement mauvais.
Car sans le stress, nos ancêtres n’auraient pas survécu face aux menaces et aux défis.
Et sans ancêtres, vous ne seriez pas là !
À l’origine, les facteurs de stress sont des signaux d’alarme, auxquels il faut apporter une réponse rapide et adéquate pour survivre bien sûr, nous ne rencontrons pas de tels tigres à dents de sabre de nos jours…
Pourtant, la réponse au stress est fondamentalement la même que pour nos ancêtres !
Nous réagissons en mobilisant notre énergie pour nous battre ou fuir…
Alors qu’en fait, la plupart des situations stressantes actuelles ne nécessitent pas une telle mobilisation d’énergie.
Cela peut alors entraîner une réponse excessive dans plusieurs systèmes de notre corps, et être préjudiciable à notre santé.
Cependant, lorsque le stress n’est pas excessif, il peut également nous aider à mieux faire face aux difficultés.
N’oubliez pas que le stress est une expérience personnelle.
La perception d’un facteur de stress varie d’un individu à l’autre, en fonction de la génétique et des expériences de vie.
Cependant, il existe un ensemble commun de facteurs qui déclenchent la réponse au stress pour tout le monde.
Il s’agit de la recette du stress :
Nouveauté, imprévisibilité, menace pour l’ego, manque de contrôle.
Nous comprenons maintenant le concept de la réponse au stress
Mais que se passe-t-il précisément dans notre corps ?
D’un point de vue physiologique, la perception de facteurs de stress active rapidement une région spécifique : l’hypothalamus.
Et notamment le noyau paraventriculaire.
Cela conduit à l’activation simultanée de deux systèmes,
Le système nerveux autonome et axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien qui ciblent la même zone : les glandes surrénales.
Commençons par le système nerveux autonome, qui est ni plus ni moins que la composante du système nerveux qui régule les fonctions involontaires, comme par exemple la digestion ou la respiration.
Il cible la médulla des surrénales et induit la libération d’adrénaline dans le sang.
Cela déclenche notre système d’alerte, provoquant des réactions rapides telles qu’ une augmentation du rythme cardiaque ou une dilatation des pupilles.
En parallèle, l’axe hypothalamo-pituitaire-adrénalien, ou axe du stress, est également activé.
Aujourd’hui nous employons plutôt les termes hypohyse pour la glande pituitaire et surrénale au lieu d’adrénalien, on parle donc de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien.
Cet axe du stress cible le cortex des surrénales, induisant la libération de cortisol.
Le cortisol assure la libération du glucose, qui est essentiel pour la production d’énergie nécessaire pour continuer à réagir au stresseur.
Le cortisol possède également une action anti-inflammatoire.
Enfin, le cortisol est capable de réguler sa propre production en agissant en amont dans le cerveau :
C’est ce que l’on appelle la rétroaction (ou feedback) négative, qui est essentiel pour stopper le processus de réaction au stress lorsqu’il n’est plus nécessaire.
Ces deux systèmes sont lancés en même temps, mais leurs chronologies sont différentes.
Le système nerveux autonome permet une réponse rapide et brève, alors que l’axe du stress est plus lent et fournit un soutien supplémentaire de manière différée.
En outre, ces deux voies de stress ont des schémas de réponse différents, en fonction du type de facteurs de stress.
Par exemple un bruit soudain, ne nécessite pas un traitement complexe de l’information et peut activer les deux systèmes très rapidement.
À l’inverse, les facteurs de stress tels que les stimuli émotionnels nécessitent un traitement approfondi par le cerveau.
Dans ce cas, les informations envoyées par nos sens sont relayées par plusieurs régions du cerveau : le thalamus, les cortex sensoriels, le cortex préfrontal, l’amygdale et enfin l’hypothalamus.
L’amygdale peut également communiquer avec l’hippocampe, le centre de la mémoire pour lui dire qu’il s’agit d’une information importante qui doit être conservée. Elle est également en contact avec le tronc cérébral.
En bref, tous ces processus biologiques sont comme les rouages d’un mécanisme.
Ils sont essentiels pour permettre à notre organisme de fournir une réponse adaptée à un stresseur.
Rappelez-vous on parle d’allostasie, le processus d’adaptation aux défis. C’est fondamentalement positif !
Cependant, si ces rouages sont constamment utilisés, la machine pourrait se détraquer et les effets sur notre santé deviendraient vraiment néfastes.
C’est exactement ce qui se passe avec le stress chronique.
Le cortisol est synthétisé en permanence en réponse au stresseur et ne peut plus s’autoréguler. Il sature ses propres récepteurs dans le cerveau et un feedback négatif n’est alors plus possible. Cette nécessité de mettre en place des ressources permanentes pour s’adapter a un coût : cela conduit à une surcharge allostatique, l’épuisement du corps entier.
De nombreux troubles peuvent alors apparaître : dépression, toxicomanie (addiction), déficits de mémoire, maladies cardiovasculaires, diabète…
En résumé, notre système de réponse au stress n’est pas conçu pour fonctionner en continu, mais plutôt pour répondre à des facteurs de stress aigus.
Ainsi, en cas de stress chronique, le système est fortement déréglé, tout s’emballe et peut conduire à des réactions inadaptées ainsi que des troubles psychologiques et physiologiques.
Pour éviter de tels extrêmes, il existe des contre-mesures qui ont été étudiées scientifiquement et dont l’efficacité a été prouvée.
Comme mentionné précédemment, chaque individu réagit différemment et doit donc tester ce qui fonctionne le mieux pour lui ou elle.
Gardez bien à l’esprit : la réponse physiologique au stress est vitale, mais peut devenir un problème si les facteurs de stress ne diminuent pas.
La perception du stress varie d’un individu à l’autre. Apprendre à contrôler la réponse au stress et éviter la surcharge allostatique est la clé de la santé mentale.
À cet effet, il existe de nombreuses contre-mesures scientifiquement prouvées qui peuvent être utilisées pour prévenir ou nous aider à faire face au stress.
Alex et Aurelie de Neuracademia